Vous avez co-piloté le rapport national sur la santé des soignants. Avec le recul, qu’est-ce qui vous semble aujourd’hui le plus marquant dans ce travail ?
D'abord, ce rapport a permis de donner plus de visibilité aux enjeux d'amélioration et de préservation de la santé des soignants. C'était l'ambition première de ce travail. Puis, à mon sens, ce qui est marquant dans ce travail c'est de voir la diversité des acteurs et des initiatives qui essaiment sur le territoire. Certains n'ont d'ailleurs pas attendu que nous réalisions ce travail pour s'emparer de ce sujet. A titre personnel, je suis heureux que nous ayons pu les valoriser afin de démontrer que cela est possible de prendre soin des soignants en imaginant des dispositifs innovants, parfois peu coûteux, et concrets qui permettent de répondre aux besoins réels des professionnels des secteurs sanitaire, social et médico-social.
Comment vos actions actuelles prolongent-elles cette ambition d’améliorer la santé et la qualité de vie des professionnels ?
De toute évidence, les actions actuelles que nous menons ont en premier lieu vocation à inscrire définitivement ce sujet dans le débat public et politique. La mise en place en juin 2025 du comité de suivi ministériel dédié à cette question, co-piloté par Nicolas Delmas de la Direction Générale de l'Offre de Soins et Philippe Denormandie l'un des co-rapporteurs de la mission ministérielle, est un espace de pérennisation de nos travaux. En effet, ce dernier a pour objectif de traduire les recommandations du rapport en plan d'actions d'ici fin 2025. C'est donc le premier prolongement de cette ambition. Ensuite, tout ne se traite pas à l'échelle nationale, il y a aussi des actions locales. Nous en accompagnons certaines, comme l'unité 2PS du CHU de Nice donc nous en sommes les parrains et la marraine. Nous avons également la volonté d'assurer le développement de la recherche dédiée. Cela est permis grâce à la collaboration entre la Fondation MNH (dont Philippe Denormandie en est le délégué général) et la DREES. Pour ma part, je suis parrain de l'association "Guérir en Mer Flandres-Côte d'Opale" située à Dunkerque. Cette antenne de l'association Guérir en Mer (dont Marine Crest-Guilluy, la troisième rapporteure de la mission, est la fondatrice) a déjà permis d'emmener en mer de nombreux soignants du littoral dunkerquois et calaisien.
En quoi People 4 Health vous paraît-il être un lieu pertinent pour prolonger ce débat et donner de la visibilité à ces enjeux ?
Ce salon a été appelé de nos vœux lorsque nous avons élaboré nos recommandations en 2023. En effet, un événement annuel dédié à ces enjeux est une formidable occasion d'offrir un espace de dialogue à l'ensemble des parties prenantes engagées, à commencer par les soignants eux-mêmes. Avec People 4 Health, il y a donc une opportunité de faire connaître toujours plus les actions mises en place, de partager des approches cliniques spécifiques mais aussi de libérer la parole des soignants afin de déstigmatiser la vulnérabilité et de faire émerger des propositions issues du terrain. Par ailleurs, il me semble important d'offrir aux soignants un espace de respiration dans un quotidien de travail souvent mouvementé. Parler, en parler et faire parler de la santé des soignants, voilà selon moi les 3 piliers du salon People 4 Health.
Le fil conducteur 2026 est « Prendre soin, ensemble ». Concrètement, que signifie pour vous ce « ensemble » et comment le rendre vivant dans le quotidien des soignants ?
Tout simplement parce que nous avons toutes et tous un rôle à jouer. Du décideur politique aux usagers du système de santé, nous devons, ensemble, agir pour améliorer la santé des soignants. Les axes d'évolution touchent de nombreux domaines, allant du management, à la protection juridique, jusqu'à l'éducation à la santé des soignants. Ce sujet est pluridisciplinaire et pluri-professionnel, tout en ayant une part de responsabilité individuelle et une autre de responsabilité collective. Au quotidien, cela s'exprime par un changement de culture à tous les échelons du système. Chacun doit prendre conscience de la nécessité de prendre soin de ceux qui prennent soin des autres. Les défaillances managériales, les difficultés organisationnelles, les contraintes financières, autant que les mauvaises stratégies de gestion du stress, l'observance d'un suivi médical ou le respect des soignants par les usagers, nous avons tous notre part à prendre !
S’il y avait une seule priorité à retenir pour avancer ensemble, laquelle serait-ce selon vous ?
La priorité, c’est de considérer enfin la santé des soignants comme un investissement et non comme une charge. C’est cette bascule culturelle qui permettra d’aligner les volontés, de libérer des moyens et d’agir durablement